Les bijoux célèbres sont l’objet de toutes les convoitises mais aussi de controverses. L’une des controverses les plus célèbres de la joaillerie est l’affaire du collier de la Reine Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI. Quels sont les dessous de cette affaire qui entache la réputation de la cour en 1785 ?

Les prémices de l’affaire du collier de la Reine Marie-Antoinette

La Reine Marie-Antoinette est de moins en moins populaire avant que la Révolution Française n’éclate. Caricatures, rumeurs et pamphlets la visent souvent directement et ses actes sont sans cesse remis en cause.

Dans ce contexte historique tendu, une affaire nuit particulièrement à l’épouse du roi Louis XVI. Celle-ci débute en 1772 quand Louis XV commande un collier auprès de deux joailliers parisiens célèbres. Il est à l’attention de Madame du Barry, l’une de ses favorites. Malheureusement, il décède avant que le collier ne soit terminé.

En 1774, un détail de la politique française qui a son importance dans l’histoire se joue. Marie-Antoinette relève le cardinal de Rohan de ses fonctions d’ambassadeur en Autriche, à la suite de nombreux scandales et rumeurs l’impliquant. Celui-ci veut à tout prix retrouver ses fonctions, et à regagner la confiance de la Reine.

Le cardinal de Rohan, victime de l’escroquerie
Le cardinal de Rohan, victime de l’escroquerie

En 1778, Louis XVI se fait approcher par les deux joailliers qui souhaitent lui vendre le collier pour son épouse. Il existe plusieurs versions de l’histoire. Une version affirme que Marie-Antoinette refuse le présent, prétextant que cet argent peut être mieux dépensé. D’autres versions veulent que ce soit Louis XVI qui aurait refusé. Quoiqu’il en soit, les joailliers retentent de vendre le collier directement à la reine en 1781, s’exposant à un nouveau refus.

C’est alors qu’une comtesse, Madame de la Motte réalise qu’elle peut tirer parti de ces péripéties. Elle engage une prostituée dont la ressemblance avec la Reine est troublante pour tromper le cardinal de Rohan.

L’instigatrice de l’affaire du collier de la Reine

Se faisant passer pour une amie proche de la Reine, Madame de la Motte promet aux deux joailliers créateurs du collier, désormais endettés, qu’elle veut faire l’acquisition du bijou mais elle n’en a pas les moyens. Elle met donc en place une série de subterfuges.

Elle demande au sosie de la reine qu’elle a engagé de se rendre à un rendez-vous qu’elle donne au cardinal de Rohan, qui serait prêt à tout pour retrouver son statut. Il accepte sans hésiter.

Madame de la Motte, à l’origine de l’affaire du collier de la Reine
Madame de la Motte, à l’origine de l’affaire du collier de la Reine

A la suite de ce rendez-vous, elle envoie au cardinal de Rohan de fausses lettres au nom de Marie-Antoinette de France, un détail qui aura son importance par la suite. Elle demande au cardinal d’acheter le collier en son nom, après quoi, elle le rembourserait en plusieurs versements. Celui-ci accepte, heureux de la confiance renouvelée de la reine à son égard. Il apporte alors le bijou à la comtesse qui feint de le transmettre à Marie-Antoinette.

Madame de la Motte et ses complices démantèlent le collier pour revendre les pierres précieuses, abimées par la procédure. D’abord soupçonneux, les acheteurs finissent par céder, n’ayant eu vent d’aucun vol.

Quelles sont les conséquences de l’affaire du collier de la Reine ?

Le paiement du premier versement tarde à arriver, inquiétant l’un des joailliers qui va expliquer la situation à une domestique de la Reine qui s’empresse de rapporter les faits à l’intéressée. Elle fait appel à un rival du cardinal de Rohan, le Baron de Breteuil, pour résoudre l’affaire.

Finalement, paniquée, Madame de la Motte informe les joailliers et le cardinal que la reine ne peut s’acquitter de ses dettes et que les lettres adressées au nom de la Reine sont fausses. En effet, comme il est coutume de le faire, celle-ci signe toujours par son prénom uniquement.

En août 1785, Louis XVI est enfin mis au courant de l’affaire et somme le cardinal de Rohan de s’expliquer. Il est envoyé au parlement de Paris, qui est la cour de justice destinée aux plus hauts nobles. Emprisonné à la Bastille sous la pression de Marie-Antoinette, il gagne la sympathie du peuple et même de la cour.

Le cardinal est finalement acquitté en mai 1786. Finalement, l’escroquerie éclate au grand jour et les véritables coupables sont arrêtés.

Madame de la Motte, son mari et leur complice sont condamnés à perpétuité.

La réputation de Marie-Antoinette est ternie par ces évènements. Déjà peu appréciée, connue pour son caractère colérique et impulsif et ses dépenses exagérées, elle est traitée en coupable. On l’accuse d’avoir envoyé des billets doux et d’avoir tenu des rendez-vous amoureux en secret avec le cardinal de Rohan.

L’affaire du collier de la Reine connaît tellement de retentissement qu’elle constitue l’un des éléments déclencheurs de l’hostilité croissante du peuple envers la Couronne, conduisant bientôt à la Révolution Française.

Désormais célèbre, l’affaire du collier de la Reine fait l’objet de nombreuses œuvres de fiction. Livres, films et pièces de théâtre la relatent au fil des siècles.

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