Les pierres précieuses, au nombre de quatre (diamant, rubis, saphir et émeraude) se distinguent par leur rareté et leur beauté. Intéressons-nous aujourd’hui à l’émeraude, dont la magnifique couleur en fait une pierre très recherchée et convoitée depuis des millénaires.
L’émeraude : une pierre précieuse d’un vert somptueux
C’est dans des conditions très particulières que peut se former l’émeraude, ce qui explique sa grande rareté.
En effet, ses principaux composants, le béryllium, le chrome, le fer et le vanadium ne se trouvent pas dans les mêmes couches terrestres. Le premier provient du magma de la croûte terrestre, alors que les autres composants sont issus du manteau terrestre. Pour qu’ils se rencontrent, il faut que des bulles de magma puissent remonter et atteindre le manteau.
On distingue quelques gisements d’émeraude de par le monde : principalement au Brésil et en Colombie, mais aussi en Afrique.
Les gisements brésiliens se distinguent par l’incroyable ancienneté de la formation des joyaux. Les premiers sont apparus il y a près de deux milliards d’années puis il y a 600 millions d’années. Malgré leur âge, ces cristaux ne figurent pas parmi les plus recherchés. Ils présentent beaucoup d’inclusions et des traces de mica noir.
C’est en Colombie que l’on trouve les plus beaux spécimens. Formés il y a 65 millions d’années, grâce à des mouvements tectoniques, ils sont d’une pureté et d’une couleur intense exceptionnelles.
Une variété de béryl
L’émeraude fait partie du groupe minéral des silicates, et est une variété de béryl. En latin et en grec, cela signifie « cristal de la couleur de l’eau de mer ».
A l’instar d’autres béryls comme l’aigue-marine, l’émeraude se présente en effet dans des teintes de vert. Allant du vert profond au jaune, voire au gris, c’est tout un camaïeu qui vaut à la pierre de désigner une teinte particulière de vert, aussi appelée plus rarement « smaragdin ».
La couleur associée à la pierre
D’une dureté de 7,5 à 8 sur l’échelle de Mohs, c’est un minéral solide, bien qu’il soit le plus fragile des quatre pierres précieuses.
L’émeraude a un éclat vitreux, et peut être opaque, translucide ou transparente.
Elle peut être dissoute dans de l’acide fluorhydrique, et a la particularité de donner une perle verte quand elle est soumise à la chaleur.
L’émeraude dans l’histoire et la culture
Une pierre présente dès l’Antiquité
On ne sait exactement d’où provient le terme « émeraude », mais il est supposé qu’il est issu du latin « smaradgus » qui est une déformation du persan « zamarat ».
Le joyau est mentionné très tôt dans l’histoire, dès le début de l’Antiquité.
Dans l’Égypte Ancienne, il y a près de 5000 ans, les pierres extraites dans des mines à proximité de la Mer Rouge étaient taillées et vendues aux puissants. On suppose que ces mines désormais épuisées regorgeaient d’émeraude de piètre qualité.
En 2000 avant Jésus-Christ, les Babyloniens se servaient supposément de l’émeraude comme d’une monnaie.
De nombreux auteurs romains et grecs parlent de réalisations massives en émeraude dans leurs écrits, comme des colonnes ou des statues. En réalité, les spécimens d’émeraude ne sont pas assez massifs pour être taillés ainsi. Ces œuvres étaient donc probablement faites de verre teinté.
Cléopâtre en particulier raffolait de ces pierres, et on dit qu’elle offrait souvent des émeraudes à son effigie.
Les Celtes et les Romains appréciaient aussi beaucoup la pierre, qu’ils trouvaient dans des mines situées dans l’actuelle Autriche. On dit que l’empereur Néron disposait d’une lame en émeraude qu’il utilisait pour corriger sa vision.
La pierre précieuse figure aussi dans des écrits datant du Moyen-Âge, par exemple dans la légende des Chevaliers de la Table Ronde. Le Saint-Graal, calice mythique recherché par les Chevaliers, est décrit comme fait d’émeraude.
La découverte des spécimens de Colombie
Pourtant, c’est seulement au XVIème siècle que la pierre devient plus abondante en Europe, quand les conquistadors espagnols ramènent des spécimens colombiens alors exceptionnels, de par leur taille et leur couleur.
Photo de Rob Lavinsky, iRocks.com – CC-BY-SA-3.0, CC BY-SA 3.0
A peu près à la même période, on trouve en Inde un spécimen impressionnant sur lequel sont gravées des inscriptions religieuses. D’un poids de 217 carats et d’une taille de plus de 10 centimètres, il est surnommé le Grand Moghol.
Depuis le XVIème siècle, la pierre précieuse est très recherchée en joaillerie. Elle possède d’ailleurs sa propre taille. Elle peut également être taillée en poire, en ovale ou encore en cabochon. La Colombie reste le principal importateur, avec près de 60% de la production mondiale, et les plus beaux spécimens.
Notre création « Versailles en son jardin »
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