Dans notre dossier Les Grands Hommes de l’Horlogerie, nous vous invitons à découvrir les parcours et les fantastiques inventions d’illustres horlogers. Partons aujourd’hui à la rencontre de l’anglais John Arnold. Celui-ci contribue au même titre que son ami Abraham-Louis Breguet à l’invention de la montre mécanique moderne.

Les débuts d’horloger de John Arnold

John Arnold naît en 1736 à Bodmin, en Angleterre. Son père, horloger, lui apprend les bases du métier. À ses 19 ans, après une dispute familiale, il part travailler à la Haye en tant qu’horloger. Mais il ne parvient pas à s’y établir et revient en Angleterre en 1757.

Son destin prend une tournure nouvelle quand il répare la montre d’un riche client. Celui-ci enthousiasmé par son travail décide de lui accorder un prêt. Grâce à cela, John Arnold peut ouvrir son atelier d’horlogerie à Londres.

Une peinture dépeignant John Arnold, datée de 1767
Une peinture dépeignant John Arnold, datée de 1767 | Source photo

Les créations pour le roi et le début du succès

En 1764, il présente une montre toute particulière au roi de la Grande-Bretagne George III. Cette montre à répétition se distingue par sa petitesse et sa précision. Elle est de plus enchâssée dans une bague. Il créé une autre montre pour le roi en 1768 et celle-ci dispose d’un mécanisme encore plus ingénieux que la précédente. Il la nomme « Numéro 1 » (Number One). Une habitude qu’il garde pour les montres qu’il considère les plus réussies.

Son ingéniosité lui vaut d’attirer l’attention de l’astronome royal Nevil Maskeylne. Celui-ci recherche un horloger capable de faire une copie d’une montre marine de John Harrison. La montre est détaillée dans une publication du Board of Longitude en 1767. Cet organisme gouvernemental est chargé d’encourager la recherche afin de mesurer la longitude en mer.

L’horloger britannique Larcum Kendall s’attèle d’abord à la tâche et créé une copie quasiment identique mais elle est très onéreuse et prend beaucoup de temps à fabriquer. De plus, elle manque de précision.

C’est pour cela que Nevil Maskelyne s’adresse à John Arnold pour la réalisation de cette montre marine. Celui-ci crée une montre machine radicalement différente de l’originale.

Il en fabrique en plusieurs exemplaires, et trois des machines sont emmenés lors d’un voyage vers l’Océan Pacifique par des explorateurs. Les montres s’avèrent résistantes et précises dans leur mesure de la longitude.

Les différentes innovations horlogères de John Arnold

John Arnold est très prolifique. Durant la même période, il met au point une version miniature des montres qu’il a conçu pour la marine. Mais elle nécessite encore quelques améliorations.

Il continue à expérimenter durant de nombreuses années. Arnold travaille sur les échappements, les balanciers spiraux. Il met au point un système de ressort spiral qui est encore utilisé dans les montres mécaniques d’aujourd’hui.

Son travail lui vaut beaucoup de reconnaissance, mais également du plagiat. C’est pourquoi il commence à déposer des brevets en 1775. Il est régulièrement en concurrence avec son contemporain Thomas Earnshaw, avec qui il a de nombreux points communs. Ils reçoivent tous deux une récompense pour les améliorations qu’ils apportent aux chronomètres.

Ses montres et chronomètres de marine et de poche sont produits à des milliers d’exemplaires, grâce à un mode de fabrication générant des coûts plus faibles que les modèles d’autres horlogers.

L’héritage de John Arnold sur le monde horloger

Les innovations de John Arnold ont beaucoup d’influence sur le monde de l’horlogerie, et même de son vivant. Il se lie d’ailleurs d’amitié avec un jeune Abraham-Louis Breguet. Ils s’inspirent tous deux. Quand Breguet créé avec succès un mécanisme tourbillon en 1795, il affirme qu’il s’est inspiré des inventions d’Arnold.

On affirme souvent qu’Arnold et Breguet ont eu une influence considérable sur l’horlogerie telle qu’on la connaît encore de nos jours.

Le fils de John Arnold, John Roger devient d’ailleurs l’apprenti de Breguet. En 1787, père et fils créent la marque Arnold & Son.

John Arnold décède en 1799, laissant ainsi à son fils une enseigne qui existe toujours aujourd’hui.

Assez méconnue, cette marque joue la carte de la confidentialité. Elle créé environ 600 montres par an. Chefs d’œuvre de technique et d’élégance, ces garde-temps et chronomètres sont très prisés, notamment au Moyen-Orient et en Asie.

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