Les diamants, de par leur rareté et leur beauté, suscitent depuis longtemps la convoitise des Hommes. Le diamant Koh-I-Noor, joyau indien, a une histoire particulièrement mouvementée. Ayant été au cœur de nombreux conflits, il a, comme le Hope, la réputation d’être maudit. Découvrons aujourd’hui pourquoi.

Le diamant Koh-I-Noor, la montagne de lumière des Indes

Un diamant aux origines inconnues

On ne sait exactement quand le diamant Koh-I-Noor entre dans l’Histoire de l’humanité. Certains disent qu’il existe des sources de son existence il y a près de 5000 ans en Inde, et qu’à l’époque on l’appelait le Syamantaka. Cela en ferait l’un des plus anciens joyaux de l’Histoire.

Si tel est le cas, le diamant ne fait plus parler de lui pendant près de 4000 ans.

Une légende affirme qu’il est découvert sur les rives du fleuve Godavari par le fils du dieu Soleil, Karna. Il porte alors le diamant jusqu’à sa mort prématurée lors d’une bataille. C’est le début d’une longue série d’évènements tragiques et violents liés au diamant.

Au fil des batailles et des invasions, le diamant change de propriétaires

C’est en 1304 qu’on retrouve des mentions du diamant. A cette époque, il appartient aux Rajas de Malwa depuis une durée indéterminée. Ceux-ci sont ensuite attaqués par les sultans de Dehli, et le joyau est offert à l’empereur Allaudin Khilji.

En 1306, des écrits sanskrits mentionnent le diamant et sa malédiction. Tout homme le portant jouirait d’un immense pouvoir, mais connaîtrait la malchance. Seul Dieu ou une femme pourrait le porter avec impunité.

Puis le Koh-I-Noor finit entre les mains des souverains moghols. C’est le célèbre sultan Babur qui décrit en détail le diamant dans ses Mémoires, le Babur Nama, en 1526. Il l’aurait trouvé après s’être emparé du sultanat de Delhi. Jusqu’à 1739, après un bref séjour chez les Perses, il appartient à l’Empire Moghol.

Le Koh-I-Noor et les souverains Moghols

On le retrouve entre les mains de Shah Jahan. Celui-ci connaît une fin tragique, sous le signe de la maladie et la trahison de ses deux fils qui s’emparent de son trône. Puis le cadet, Aurangzeb tue son frère, héritier légitime, et emprisonne son père jusqu’à sa mort.

Ce guerrier austère et fier musulman fait de nombreuses conquêtes tandis qu’il garde le diamant caché, refusant de le porter.

Mais sa politique controversée et conspuée par les Hindous finit par avoir raison de lui. Les Marathes commencent par se rebeller, entraînant le chaos. D’autres peuples jusqu’alors silencieux les rejoignent. Assiégé et malade, Aurangzeb s’éteint.

L’histoire se répète. Après avoir tué ses frères, son fils Bahadur Shah 1er prend le pouvoir. Après sa mort quelques années après, les Empereurs se succèdent jusqu’à ce que son petit-fils Mohamed Shah accède au pouvoir.

Celui-ci, jugé peu crédible par son peuple du fait de ses mœurs légères et son alcoolisme notoire, entame la chute des Moghols qui sont plus divisés que jamais.

L’échange de turbans entre l’Empereur moghol et le roi Perse

Le conquérant et roi de Perse Nadir Shah profite de la situation pour attaquer l’Inde. Il en sort victorieux, cependant, il ne parvient à trouver ce qu’il convoite tant : le célèbre diamant, alors nommé Grand Moghol.

Il a vent de la cachette du joyau et convie alors Mohamed Shah à une fête durant laquelle il lui propose un échange de turbans qui rentre dans la postérité. Et comme on lui a indiqué, dans le turban de l’Empereur se trouve l’objet de ses convoitises.

C’est ainsi que le diamant reçoit son nom de Koh-I-Noor, qui vient du persan « montagne de lumière ». Le diamant ne faillit pas à sa vile réputation, car à peine dix ans plus tard, son possesseur Nadir Shah se voit assassiné à son tour.

Sa femme part pour l’Afghanistan avec le Koh-I-Noor. Encore une fois, sa présence suscite violence chez les puissants du pays, prêts à tout pour se l’approprier. Finalement, après un énième fratricide, c’est Shah Shuja Durrani qui parvient à le retrouver dans le cachot de son frère aîné.

Celui-ci échappe à la malédiction du diamant en l’échangeant contre une armée du maharaja du Pendjab, Ranjit Singh, en 1813.

Le maharaja du Pendjab, Ranit Singh et ses joyaux. Le Koh-I-Noor se trouve au centre| Crédits photo : Eden, Emily / Public domain
Le maharaja du Pendjab, Ranit Singh et ses joyaux. Le Koh-I-Noor se trouve au centre| Crédits photo : Eden, Emily / Public domain

Celui qu’on surnomme le Lion du Pendjab est très fier de son diamant qu’il arbore le plus fréquemment possible sur son turban ou à son bras.

Le diamant Koh-I-Noor et la royauté anglaise

Les Indes cèdent l’illustre diamant à l’Angleterre

Le diamant attire vite l’attention des Anglais, dont le colonialisme gagne du terrain dans les régions avoisinantes. Si le Lion du Pendjab parvient à protéger sa patrie grâce à une alliance avec des soldats français, quand il décède, elle est vite annexée par les colons.

La Compagnie Anglaise des Indes Orientales qui règne alors sur une grande partie de l’Inde s’empare de ses trésors, dont le fameux joyau.

Désobéissant aux lois de la Compagnie, en 1850, le Marquis de Dalhousie fait parvenir le diamant à la Reine Victoria en cachette. On dit que l’équipage du bateau chargé de cette quête est alors décimé par la maladie.

Bien que la reine et son conjoint le Prince Albert ne soient pas impressionnés par le diamant, il finit tout de même par être parmi les merveilles affichées à l’Exposition Universelle de 1851. Son manque d’éclat apparent lui attire des critiques, si bien qu’il est retaillé, perdant au passage près de la moitié de sa taille.

Le diamant continue d’être au centre de multiples tumultes historiques. La Compagnie des Indes n’est plus, et c’est désormais la reine qui gouverne les Indes sous le titre d’Impératrice.

Le diamant est toujours source de controverses

Le diamant monté sur la Couronne devient un symbole du mépris et du colonialisme anglais. Pendant trois générations, il est porté par les reines successives. Comme la légende le prédit, leur statut de femme semble les épargner d’un destin funeste.

Quand les Indiens se révoltent contre la suprématie anglaise, les Anglais abdiquent et l’Inde et le Pakistan deviennent ainsi des états indépendants.

Depuis 1953, l’Inde, le Pakistan et l’Iran demandent à la Couronne anglaise de leur rendre le diamant, qui fait partie de leur patrimoine historique.

Le gouvernement britannique refuse. Aujourd’hui, le Koh-I-Nor trône à la Tour de Londres avec d’autres joyaux de la Couronne.

Un mouvement de contestation indien, appelé « Montagne de Lumière » (Mountain of Light, en référence à la signification perse de Koh-I-Noor) tente encore aujourd’hui de récupérer le diamant. Composé de personnes influentes, le mouvement clame que le diamant incarne le colonialisme anglais qui aurait volé le pays d’une partie de son âme.

Il semblerait que le mythique Koh-I-Noor n’ait donc pas fini de faire parler de lui…

Un diamant aux caractéristiques exceptionnelles

Le diamant Koh-I-Noor, est un joyau qui se distingue par une pureté exceptionnelle.

Pesant aujourd’hui près de 105 carats (contre 186 carats avant sa taille), c’est une pierre de taille imposante. Bien qu’il ne figure pas parmi les plus gros diamants du monde, son ancienneté et la richesse de son histoire en font un trésor inestimable. Il est l’un des rares joyaux à n’avoir jamais été l’objet d’une vente.

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Source photo de couverture : Cyril Davenport (1848 – 1941) / Public domain