Dans notre dossier thématique Histoire de l’horlogerie, nous vous invitons à découvrir régulièrement les horloges les plus mythiques du monde. Aujourd’hui, c’est en Russie, et plus précisément à Moscou que nous vous proposons de voyager. L’horloge du Kremlin est l’un des symboles de la capitale russe.

La forteresse du Kremlin : un bâtiment chargé d’histoire

Déjà en 1331, on utilisait le terme Kremlin pour désigner cette ancienne forteresse. Aux prises d’attaques régulières et d’incendies, la forteresse est consolidée au fil des années, au point qu’on la pense imprenable.

Mais le khan Tokhtamych parvient à s’en emparer, et un tremblement de terre finit par avoir raison d’elle. On décide alors de la reconstruire, en faisant appel à des architectes italiens, de 1485 à 1495.

Quand les différentes principautés russes sont unifiées et son souverrain, Ivan III, désigné, les fortifications et la construction progressent encore. La forteresse désormais entourée d’eau présente alors de grandes tours à ses extrémités, les tours Borovitskaïa, Nikolskaïa, Troïtskaïa et les tours Spasskaïa, aussi appelées tours du sauveur. C’est cette dernière qui nous intéresse particulièrement, puisqu’au XVIIème siècle, plus précisément en 1625, on y construit l’immense horloge du Kremlin, qui sera par la suite remplacée de maintes fois.

L’horloge du Kremlin, perchée sur la tour du Sauveur

C’est en 1404 qu’est installée la première horloge du Kremlin, mais elle n’est pas juchée sur la tour du Sauveur. Elle finit par être revendue à un monastère en 1624.

Un siècle plus tard, les travaux et la réalisation de la nouvelle horloge du Kremlin se font sous la direction de l’architecte et ingénieur écossais Christopher Galloway. Celui-ci, envoyé par son roi James IV, reçoit une grande somme d’argent pour cette commande, le gite et le couvert au sein du palais du Tsar russe Michel 1er (en russe, Mikhail Fyodorovich Larionov). Celui-ci souhaite que l’horloge soit dotée de mécanismes particulièrement complexes. Galloway propose de surmonter le toit de la tour d’une flèche.

Quand les travaux sont achevés, l’architecte est couvert de récompenses : de l’argent, mais aussi des étoffes luxueuses.

Mais un grand incendie atteint l’édifice en 1628, si bien que Galloway doit reprendre la construction. Il reçoit alors encore beaucoup de récompenses.

L’horloge du Kremlin : une singulière création

Lors du XVIIIème siècle, l’imposant cadran de 400 kilos est peint en bleu ciel, et les heures sont désignées par 17 lettres de l’alphabet slave. Un soleil, une lune et des étoiles d’or et d’argent ornent la belle horloge dont le carillon sonne dès l’aube.

L’horloge du Kremlin présente alors un mécanisme original : c’est le cadran qui effectue une rotation.

En 1705, Pierre 1er dit Pierre le Grand, tsar et empereur de toutes les Russies, demande à ce que l’horloge soit modifiée, avec un cadran plus classique de 12 heures.

Mais au fil des siècles, l’horloge commence à afficher de plus en plus de retard, et est vieillotte au goût du tsar Alexandre III.

Au XIXème siècle, une nouvelle horloge est installée

Selon certaines sources, le tsar a vent d’un horloger français réputé pour son ingéniosité, Henri Roy. Un émissaire est envoyé en France pour voir l’horloge monumentale réalisée par Roy et lui proposer de restaurer l’horloge de la tour du Sauveur.

Celui-ci accepte et est reçu en grande pompe par le tsar à son arrivée à Moscou. Les travaux de la nouvelle horloge débutent rapidement, et près d’un an plus tard, à la veille de la Noël orthodoxe, la nouvelle horloge est inaugurée.

Toutefois, on attribue également aux frères danois Butenop la réalisation de l’horloge, qui, en 1825 placent 5 cadrans faits de fer sur les 4 pans de la tour du Sauveur.

Le mécanisme de 1832 est toujours le même à l’heure actuelle, même si l’horloge a dû être restaurée de nombreuses fois.

Au fil des siècles, l’horloge du Kremlin chante de nombreux airs

Le carillon de l’horloge du Kremlin est réglé pour jouer de nombreux airs à travers les siècles. De chansons traditionnelles, en passant par l’hymne révolutionnaire, elle résonne selon les évènements des époques qui se succèdent.

Pourtant, en 1938, après une énième restauration, le carillon cesse d’égayer le quotidien des moscovites.

C’est seulement en 1996, soit près de 58 ans plus tard, que le carillon résonne à nouveau. Il joue l’air de l’hymne russe lors de l’entrée au pouvoir du président Boris Eltsine.

Depuis l’année 1999, le carillon joue deux chansons différentes selon les heures de la journée, soit l’hymne national, soit la chanson Gloire composée par Mikhaïl Glinka, compositeur russe du XIXème siècle.

Depuis 1923, la radio puis la télévision retransmettent le son de l’horloge du Kremlin à l’occasion de chaque nouvelle année, juste après le traditionnel discours de vœux du Président. Une occasion pour certains de faire un vœu, qui selon les superstitieux, risque fort de se réaliser.

Au fil des siècles, l’horloge du Kremlin chante de nombreux airs

Sources : Freepik Pixabay Russia Beyond