L’histoire de l’horlogerie est faite de multiples récits d’inventeurs à la conquête du temps. On omet souvent de mentionner que les grands horlogers ont eu à relever d’autres défis, comme la conquête des mers et de l’espace. Aujourd’hui, intéressons-nous en détail au chronomètre de marine, une invention décisive qui permet de grandes avancées dans le domaine de la navigation.

Le chronomètre de marine : de la nécessité de connaître la longitude

Au XVIIème siècle, en France, après l’exil d’horlogers protestants suite à l’Édit de Nantes, l’horlogerie connaît un déclin. Mais elle est en pleine effervescence en Suisse et en Angleterre.

À cette époque, de grands inventeurs anglais sont sollicités pour la création de montres de plus en plus précises destinées à la navigation. Et pour cause : les explorations marines sont limitées voire périlleuse du fait d’un manque de connaissances sur les coordonnées.

En effet, si la latitude est plutôt simple à calculer grâce à la position du Soleil dans le ciel, la longitude, reste à déterminer. Comment ? Grâce à un chronomètre de haute précision qui indique toujours l’heure sur laquelle il a été calibré au départ du navire.

À l’époque, cette prouesse n’est pas encore possible, car les seules horloges précises sont dotées de pendules. Ceux-ci ne peuvent fonctionner en mer.

Le chronomètre de marine : une invention du XVIIIème siècle

Afin de conquérir de nouvelles terres, les Anglais font passer une loi décisive : The Longitude Act en 1714. Le Board of Longitude, constitué d’un jury très sélectif promet alors une récompense très importante en échange de la création d’un outil permettant de mesurer avec précision la longitude en mer.

L’horloger anglais John Harrison, inspiré par les travaux d’Henry Sully, est enthousiasmé par cette invention et décide de créer ses propres chronomètres de marine. Il bénéficie pour cela de l’aide du célèbre astronome Edmund Halley. Celui-ci lui présente alors son ami George Graham.

La position privilégiée de Graham au sein de la Royal Society de Londres lui permet de mettre en avant les travaux de John Harrison auprès du Board of Longitude. En plus de cela, l’horloger qu’on appelle « Honest George » (en français, George l’honnête) décide de lui apporter une importante aide financière.

Après un premier essai plutôt concluant, Harrison parvient à enthousiasmer le jury et à décrocher une bourse. Pourtant, les prototypes de chronomètre de marine qu’il réalise ne sont pas suffisamment précis, notamment à cause de leur taille importante et d’une sensibilité aux forces centrifuges trop prononcée.

Il tente de résoudre ces problèmes avec le quatrième essai, sobrement appelé H4. Malheureusement, ce chronomètre pourtant plus petit et doté d’un échappement inédit n’est pas encore assez précis pour le jury. Il a plusieurs secondes de retard par jour.

En 1761, enfin, il présente son cinquième prototype au roi George III et lui demande de le mettre à l’épreuve. Le roi prend alors des mesures quotidiennes et se voit impressionné par la précision du chronomètre de marine. Le décalage quotidien n’est plus que d’un tiers de seconde.

De ce fait, on considère John Harrison comme l’inventeur des premiers chronomètres de marine.

Le chronomètre de marine : une invention du XVIIIème siècle
Portrait de John Harrison, 1767, domaine public, via Wikimedia Commons

L’Europe à la conquête de la précision en mer

En France, la situation s’améliore au siècle des Lumières qui voit fleurir de nombreuses inventions dans tous les domaines. Dans ce contexte privilégié, des horlogers comme Pierre Le Roy viennent apporter des améliorations au chronomètre de marine élaboré par Harrison.

Avec l’échappement à détente, Le Roy dépasse les attentes en matière de précision et pose les bases d’une nouvelle génération de chronomètres de marine.

Par la suite, les anglais John Arnold et Thomas Earnshaw révolutionnent à leur tour l’horlogerie avec un échappement à ressort amélioré, un mécanisme d’une extrême précision mais très onéreux à l’époque.

Les chronomètres de marine influencent le cours de l’histoire. Ils permettent à l’Empire britannique de s’étendre et de gagner de nombreuses batailles navales.

Bien qu’ils soient produits en série depuis le XIXème siècle, une grande partie des chronomètres de marine restent issus de l’artisanat. De nos jours, il est fréquent de trouver des montres qui présentent des complications telles que la longitude.

Omega Constellation Megaquartz F4.19mhz ships clock, French Navy issued
Chronomètre de marine Omega Constellation Megaquartz de la marine française, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

L’histoire de l’horlogerie sur le blog de la Maison Bianchi

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